En France, le monde publicitaire demande à Apple de supprimer la gomme magique d’iOS 18

iOS 18 a introduit une fonction « Contrôle des distractions » dans Safari. Comme nous l’avions indiqués cet été, elle permet de pointer des éléments sur un site, le navigateur les supprimant alors. Le réglage est persistant d’une session à une autre, à moins que le site ne soit modifié.
Au printemps dernier, avant qu’Apple présente ses nouveautés à la WWDC en juin, cette fonction était à l’état de rumeur. Les bruits de couloir étaient suffisamment insistants cependant pour qu’une coalition de six associations représentant le monde de la publicité s’en émeuve. L’Alliance Digitale, l’Udecam, le Geste, le Syndicat des Régies Internet, l’Union des Marques et l’Apig avaient ainsi envoyé une lettre ouverte à Tim Cook lui demandant, dans les grandes lignes, de renoncer à cette fonction. Déjà, à l’époque, la lettre indiquait que ce type d’affaire avait déjà été porté devant la justice. Une menace à peine voilée.
Maintenant que le Contrôle des distractions est disponible depuis début septembre, la coalition réitère sa demande et hausse le ton.
Une gomme à tout faire
Le préambule de la lettre est assez étrange. La coalition indique en effet que sa première lettre est conservée sans réponse, mais qu’en « l’absence de tout commentaire public ou de clarification », elle avait des raisons de penser qu’Apple avait renoncé à sa fonction.
La coalition dit avoir constaté dès le mois d’août l’arrivée du Contrôle des distractions et de sa capacité à masquer n’importe quel élément d’une page web. « Cette évolution a ravivé les mêmes préoccupations que celles qui ont motivé notre lettre initiale, envoyée au nom des 800 entreprises que nous représentons collectivement dans les secteurs des annonceurs, des agences médias, des éditeurs, des médias, de l’AdTech et du marketing. mobile », pointe la lettre.
Selon les associations, la fonction de Safari a au moins trois conséquences, puisqu’elle peut :
Dissimuler n’importe quel type de contenu, y compris éditorial et protégé par le droit d’auteur, permettant de « faciliter de manière spectaculaire la manipulation d’informations sur Internet et la fidélité des transactions » Servir à masquer les bandeaux et murs de consentement , mettant en péril la conformité avec le droit européen Masquer n’importe quelle forme de publicité
Une grande inquiétude
« Les tests de la version bêta et de la version publique d’iOS 18 ont accumulé l’inquiétude dans nos différents secteurs d’activité », indique la lettre. Cette inquiétude est d’autant plus forte, pointe la coalition, que d’autres rumeurs indiquant que ces fonctions « pourraient être activées dans un avenir proche directement dans les paramètres du navigateur Safari ».
L’association rappelle que Safari a reçu le statut de Core Platform Service en vertu du DMA et que le navigateur est donc soumis à un certain nombre d’obligations, pour ne pas bousculer le marché. Puisque la gomme peut avoir des « conséquences profondes », la lettre demandant à Tim Cook d’arrêter le déploiement de cette fonction « dans l’attente d’un examen plus approfondi » et un accès à une documentation complète. La coalition veut « s’assurer que la fonctionnalité est conforme à la législation européenne et respecter les droits de toutes les parties prenantes, y compris les consommateurs européens ».
On peut comprendre que le monde de la publicité soit devenu très sensible aux décisions d’Apple. Il avait été particulièrement échaudé par l’arrivée de l’App Tracking Transparency dans iOS/iPadOS 14.5.
Une fonction pourtant manuelle
Les craintes de l’association se fondent sur le potentiel de la fonction. Effectivement, toute personne en possession d’un produit Apple avec iOS ou iPadOS 18 peut le confirmer. Depuis l’icône située à gauche de la barre d’adresse, on fait apparaître un panneau dans lequel on peut appuyer sur « Masquer les éléments gênants ».
Apple n’a pas justifié l’apparition de cette fonction, mais il est aisé de comprendre son intérêt. Nombre de sites sont aujourd’hui difficiles à naviguer, tant le nombre d’éléments flottants, bandeaux, publicités, vidéos et autres peut parfois être important.
Pourtant, la lettre fait presque du Contrôle des distractions une fonction toute-puissante alors qu’elle est manuelle. Caché dans un menu, il est probable que de nombreux utilisateurs ne connaissent pas son existence. Il faut spécifiquement aller la rechercher et appuyer sur chaque élément que l’on veut supprimer. En outre, elle ne remplace pas les bloqueurs de contenus qui, eux, fonctionnent de manière automatisée. Pourtant, la coalition ne semble pas s’inquiéter de la possibilité d’installer de tels bloqueurs sur iOS et iPadOS.
La lettre, en tout cas, a autant été envoyée à Tim Cook qu’à la Commission européenne, ainsi qu’à plusieurs ministres : Rachida Dati (ministre de la Culture), Antoine Armand (ministre de l’Économie) et Clara Chappaz ( secrétaire d’État chargé de l’Intelligence artificielle et du Numérique). Elle indique que tous les recours juridiques sont envisagés, dont « les voies liées à la protection des données, à la
liberté de la presse, aux droits de propriété intellectuelle, aux droits d’auteur, au droit des marques et
à la réglementation de la concurrence ».
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