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Des robots en renfort pour la filière maraîchère

        Au milieu d'un champ à Saint-Nom-la-Bretèche (Yvelines) se dresse deux serres en plastique. De l'extérieur, impossible de savoir qu'elles regorgent de technologies de pointe, développées par NeoFarm. Cette start-up, fondée en 2018, cherche à industrialiser la production de légumes biologiques. «Un modèle agricole gourmand en main-d'œuvre», reconnaît son directeur général, Thibaut Millet-Taunay, alors que le secteur manque cruellement de bras. De fait, les travailleurs saisonniers locaux sont de moins en moins présents, les maraîchers ont du mal à les fidéliser et doivent se tourner vers une main-d'œuvre provenant de pays d'Europe de l'Est ou d'Afrique.

Face à ces problématiques, NeoFarm a conçu son propre robot, un bras télescopique qui se déplace dans toute la serre sur des rails en aluminium fixés en hauteur. Pour répondre à la multitude des tâches du maraîchage, il est capable de s’équiper et se déséquiper lui-même de différents outils, entreposés sur un rack de rangement : balai niveleur, bineuse, planteuse, rouleau tasseur et microculteur. Une preuve de son efficacité ? «Avec la planteuse, 200 salades sont mises en terre en cinq minutes, contre 1h30 si la tâche est faite à la main», s’exclame Thibaut Millet-Taunay.


Le maraîcher, qui commande le robot via une tablette, peut collaborer avec lui ou effectuer une autre tâche à proximité. Un logiciel permet d’organiser le travail dans toute la serre : chaque étape est attribuée à un membre de l’équipe ou au robot (préparation des planches – les petites buttes de terre sur lesquelles sont plantées les cultures –, réalisation des semis, récolte des légumes…). L’ouverture et la fermeture de la serre sont automatisées grâce aux données recueillies par une station météorologique. Une charge mentale en moins, résume le directeur général, qui assure « réduire les besoins de main-d’œuvre de moitié » grâce à ces technos.

Le robot et les rails ont coûté 250 000 euros, mais NeoFarm vise un prix final, une fois la solution industrialisée, autour de 170 000 euros. Aujourd’hui, l’entreprise aligne les prix de ses produits sur ceux du bio vendus à Rungis et espère les aligner sur ceux de l’agriculture conventionnelle française. Cela suffira-t-il pour que d’autres agriculteurs sautent le pas ? Au-delà du manque de main-d’œuvre, le coût du travail reste élevé en France et il est difficile de rivaliser avec certains concurrents étrangers. Résultat, la moitié des fruits et légumes consommés en France sont issus de l’importation, selon le ministère de l’Agriculture, qui a lancé en 2023 un plan de souveraineté pour cette filière afin de faire baisser la part des produits importés. Un plan dans lequel s’inscrit NeoFarm, qui souhaite commercialiser une partie de sa récolte auprès des cantines scolaires à proximité.

Les cultures sous serre privilégiées

Afin de renforcer l’attractivité de la filière, NeoFarm propose de déléguer au robot les tâches pénibles et chronophages. Mais aussi «de mieux payer les maraîchers, puisque le nombre de soutiens-gorge nécessaires est plus faible», glisse Thibaut Mallet-Taunay. Des arguments séduisants alors que «la pénurie de main-d’œuvre est un sujet permanent depuis des années», souffle Régis Chevallier, maraîcher à La Planche (Loire-Atlantique) et président de la Fédération des maraîchers nantais. À ses yeux, les serres deviennent indispensables. «L’objectif est de proposer du travail toute l’année à mes sept salariés, pour qui les creux d’activité ne peuvent pas être trop longs», explique-t-il. Autre avantage : être abrité de la pluie.

Des serres en verre émergent aussi sur le territoire. Souvent chauffées, elles permettent de produire des tomates toute l’année. Quelques roboticiens lorgnent ces cultures jugées idéales pour accueillir des robots. La start-up Aisprid développe par exemple un robot d’effeuillage, qui se déplace sur les rails fixes au sol entre les rangs de tomates pour couper trois feuilles par plante. Elle facture aux agriculteurs le nombre de feuilles coupées, ce qui ne nécessite pas d’investissement préalable de leur part. Et pour être attractive, elle aligne ce prix sur celui du coût du travail humain.

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D’autres start-up optent pour un business model et un marché différent. Naïo Technologies commercialise quatre robots de désherbage, l’une des tâches les plus chronophages mais essentielles au maraîchage. «C’est sur elle que le retour sur investissement est le plus important pour les agriculteurs», explique Gaëtan Severac, son cofondateur. Pourtant, ce financement est jugé « important et risqué », ajoute-t-il. Rien d’étonnant : le prix d’un robot varie de quelques dizaines de milliers d’euros à 200000 euros, en fonction de sa taille. Un achat qui peut être rentabilisé en un à cinq ans, selon les situations.

La récolte est l’une des activités qui demandent le plus de main-d’œuvre. Si quelques robots spécialisés commencent à émerger – comme Sylektis, dédié aux asperges –, ils restent rares, la tâche étant complexe à automatiser étant donné la dextérité requise. «Surtout pour les fruits et légumes consommables, dits frais, dont l’aspect esthétique doit être irréprochable», précise Stéphane Duran, responsable de projet à l’association RobAgri. Plus que des robots autonomes, ce sont des solutions de robotique qui voient le jour, où le robot suit l’humain pour récupérer les fruits et légumes qu’il récolte. Mais chaque investissement compte. «Les marges sont faibles, et le secteur est très peu protégé des importations, donc très sensible aux coûts de production et de main-d’œuvre», rappelle Stéphane Duran. De quoi freiner le passage à l’achat si les bénéfices sur le long terme ne sont pas évidents. #

«La recherche sur la reconnaissance visuelle et la préhension est essentielle», assure Marine Louargant, ingénieure au Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes 
L'Usine Nouvelle – Que faut-il prendre en compte avant d'investir dans un robot ?<br />Marine Louargant – Le rapport coût-bénéfice est important. Encore faut-il savoir ce qu'apporte un robot : gains économiques, réduction de la pénibilité, meilleure organisation du travail, du rendement, qualité des produits... Dans la filière fruits et légumes, la rentabilité n'est pas simple à apprentissage en raison de la diversité des produits.
Quels défis les roboticiens doivent-ils relever ?<br />Aujourd'hui, les robots sont capables d'effectuer des tâches relativement simples. Il faut encore travailler sur la manipulation et la réalisation de tâches complexes. La recherche sur la reconnaissance visuelle et la préhension est essentielle pour la récolte. Il faut également poursuivre les travaux sur la sécurité, l'autonomie et la gestion de plusieurs espèces avec un même robot.
La variabilité des conditions météorologiques est-elle problématique ?<br />Si les robots résistent à la pluie, leurs déplacements sur des sols glissants avec des ornières sont plus difficiles à gérer. Techniquement, leurs capteurs résistent aux fortes chaleurs et aux basses températures. Souvent guidés par GPS, ce qui offre une précision centimétrique, certains robots disposent également d'une station inertielle pour corriger leurs mouvements et prendre le relais si le signal se dégrade. #

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Jc Banza

Je suis Jc Banza Ingénieur en système d'information passionne de la technologie et blogging

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