Quand le robot humanoïde d’Elon Musk impressionne… à tort
Un robot humanoïde serviteur des bières, un autre jouant à pierre-feuille-ciseaux et un troisième capable de tenir une conversation. La semaine dernière, le robot Optimus a assuré le spectacle lors de la présentation en grande pompe du Cybercab, le projet de taxi autonome de Tesla. Les images ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant des réactions enthousiastes. En réalité pourtant, les robots étaient contrôlés par des opérateurs humains, dont ils ne faisaient que répéter les mouvements. Même chose pour leurs paroles. Si le doute a rapidement émergé chez certains participants, beaucoup d’autres sont tombés dans le panneau. Sans oublier tous ceux qui n’ont vu que les vidéos circuler sur Internet et qui ont immédiatement pensé que le fabricant de voitures électriques avait fait un gigantesque lien dans la robotique.
Quels progrès ? – Ce n’est pas la première fois que Tesla se fait démasquer. En janvier, son patron Elon Musk avait publié une vidéo d’Optimus pliant du linge. Avant de reconnaître que le robot ne fonctionnait pas seul, alors que des internautes avaient remarqué que la main d’un opérateur apparaissait sur certains plans. De quoi jeter le doute sur les vidéos précédentes partagées par le constructeur. Et donc sur les progrès réalisés depuis la présentation du projet il y a deux ans. Certes, Optimus n’affiche plus la démarche hésitante de ses débuts. Il est aussi capable de marcher au milieu d’une faute. Mais le véritable défi réside dans la capacité à prendre les bonnes décisions pour interagir avec le monde réel. «Aucun élément ne démontre des progrès significatifs», tacle Adam Jonas, analyste chez Morgan Stanley.
1.000 milliards de profits – Parti en retard dans la robotique, Tesla affiche probablement les plus grandes ambitions. « Ce sera le plus grand produit jamais créé, toutes catégories confondues », assure Elon Musk. Le milliardaire estime pouvoir vendre 100 millions d’unités par an, ce qui représentait un chiffre d’affaires potentiel d’au moins 2.000 milliards de dollars. Et des bénéfices de 1.000 milliards. Il vise d’abord les usines, dans lesquelles l’automatisation des tâches est un enjeu économique. Mais il mise aussi sur le marché grand public, imaginant que les robots réaliseront les tâches domestiques. « Il pourra garder vos enfants, promener votre chien, tondre votre pelouse, faire les courses, être votre ami ou servir des boissons », liste-t-il, estimant que « tout le monde » voudra son « propre C3PO » – le robot humanoïde de Star Wars.
Avant 2027 ? – Comme à son habitude, Elon Musk s’est fixé une feuille de route ambitieuse. En 2022, il évoquait un lancement commercial dans les trois à cinq ans – un calendrier sur lequel il ne s’engage plus. Pour aller vite, il parie sur l’expérience engrangée par Tesla dans la conduite autonome. Optimus utilise en effet les mêmes algorithmes d’apprentissage automatique, lui permettant d’analyser l’environnement pour prendre des décisions. Le constructeur peut aussi compter sur son savoir-faire dans le domaine des batteries électriques. Et pourra tester et améliorer ses robots directement dans ses usines. Malgré tout, le calendrier avancé par Elon Musk laisse beaucoup d’experts de la robotique sceptiques. D’autres soulignent que le choix de reprendre exactement l’apparence humaine n’est pas le plus pertinent.
Pour aller plus longe :
– Les robots « terrifiants » de Boston Dynamics rachetés par Hyundai
– Amazon teste un robot humanoïde dans ses entrepôts
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