Après des années Covid qui ont porté la demande de robots industriels, le secteur souffre dans la lignée de l’automobile et peine à faire face à la concurrence chinoise.
Le marché de la robotique industrielle ne se porte pas bien. Après deux années d’investissements boostées par la crise Covid, les ventes de robots ralentissent. C’est une tendance mondiale particulièrement forte, qui a d’abord été connue aux États-Unis, et qui touche désormais le marché français. Les ventes de robots industriels sont en baisse : elles ont chuté de 10% l’année dernière et la situation ne semble pas s’améliorer pour l’année 2024.
Selon Jacques Dupenloup, le président du groupement robotique d’Evolis, les incertitudes politiques engendrées par la dissolution de l’Assemblée nationale ont bloqué les investissements. Pour lui, la demande de robots industriels est bien là, cependant « les clients font preuve d’attentisme ».
Des robots pour l’automobile qui patinent
La robotique industrielle rapporte pour 210 millions d’euros en France et est utilisée dans tous les secteurs : industrie médicale, fabrication d’outils, équipements industriels, construction, logistique, bois, agroalimentaire… Toutefois, c’est bien le secteur automobile qui ya le plus recours. En effet, près d’un robot industriel sur trois est employé dans ce secteur.
Toutefois, l’automobile est une branche industrielle qui connaît de nombreuses difficultés en Europe. Difficultés qui ébranlent aussi le secteur de la robotique.
Pour Jacques Dupenloup, les usines automobiles françaises sont encore « trop largement investies dans la fabrication des véhicules thermiques », un marché qui connaît aujourd’hui une baisse d’activité.
Par ailleurs, si les véhicules électriques ont le vent en poupe, les constructeurs européens, et notamment français, patinent. Pour le spécialiste d’Evolis, « le dérapage du marché de l’auto électrique est bien responsable des baisses des ventes de robots industriels ».
Une concurrence chinoise toujours plus agressive
Avec 6.300 robots vendus l’année dernière, le marché asiatique français de la robotique industrielle est aujourd’hui menacé par la concurrence. L’an passé, la Chine pesait pour la moitié des ventes de robots, uniquement en France. Pour les industriels, le choix est simple : les constructeurs chinois proposent des appareils, en moyenne trois fois moins chers.
« Le prix reste donc le premier levier pour décider ou non de l’investissement dans la robotique », analyse le Jacques Dupenloup.
L’année 2024 clôt bel et bien l’effet Covid, qui avait pourtant été très porteur dans le secteur. Jusqu’en 2022, les entreprises tiraient encore les leçons de 2020 et cherchaient à se protéger des interruptions de productions. En effet, les robots ont été de bons pis-aller à la pénurie de main d’œuvre, ne demandant pas d’augmentations salariales, mais en assurant la production. Un travail qui s’est avéré être parfois meilleur, notamment dans des environnements de travail pénibles.
Pour autant, qui dit robot industriel, dit besoin de travailleurs formés et d’ingénieurs qualifiés. Jacques Dupenloup regrette le faible nombre de jeunes qui se lancent dans la branche : « Pourtant il ya du travail pour tout le monde, quel que soit le niveau de formation ».
Source link
