un robot humanoïde pour les enfants en radiothérapie

Il ressemble à un personnage de film d’animation ou tout droit sorti de l’imaginaire d’un auteur de livres pour enfants, avec ses grands yeux bleus, ses oreilles pointues et son habitude d’un orange lumineux. Miroki glisse sur le sol, s’arrête et écoute la question qui lui est posée, prend son temps et répond. Du haut de son 1,27 mètres, il incarne ce dont le Dr Julien Welmant, radiothérapeute spécialisé en pédiatrie à l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM), avait rêvé… Miroki est un robot humanoïde qu’on est encore peu accoutumé à croiser. La mission qui va lui être attribuée au sein de l’ICM, c’est d’accompagner les enfants malades dans le service d’oncologie pédiatrique.
« J’ai initié le projet sur un constat que nous, les médecins radiothérapeutes, faisons quotidiennement auprès des enfants malades : la solitude, la peur et l’anxiété sont indissociables des séances de traitement, raconte-t-il. La technologie ouvre des perspectives. Avec Miroki, nous permettons à l’enfant de ne plus jamais se sentir seul dans la pièce de radiothérapie. »
En effet, dans une salle de radiothérapie, personne d’autre que le patient ne peut entrer. Quand il s’agit d’un enfant, l’épreuve est d’autant plus angoissante. L’intégration de ce robot humanoïde, une première mondiale, dans le parcours de soins a donc vocation à apporter au jeune patient une présence rassurante et divertissante, un soutien émotionnel, avec l’objectif d’améliorer la qualité de son traitement.
Figure 01, ce robot humanoïde nourri à ChatGPT qui se comporte comme un humain
Aide dans les activités essentielles
Les Miroki (au masculin) et Miroka (au féminin) ont été conçus et fabriqués par l’entreprise parisienne Enchanted Tools, créée en 2021 par Jérôme Monceaux (cofondateur d’Aldebaran et cocréateur des robots Nao et Pepper) et Samuel Benveniste (docteur en sciences et ancien directeur du Centre national d’expertise en stimulation cognitive). La startup, qui a réalisé dès 2021 une importante levée de fonds d’amorçage (15 millions d’euros), destinée ses robots humanoïdes généralistes « à venir en aide aux personnels dans toutes les activités essentielles où il ya pénurie de personnels, comme les hôpitaux, les maisons de retraite ou les hôtels, pour faire des tâches répétitives qu’on peut automatiser, comme déplacer du petit matériel, le ranger, vérifier la fermeture de fenêtres, etc., de manière à ce que les humains se concentrent sur le contact humain », indique Samuel Benveniste à La Tribune.
Les robots humanoïdes sont dotés d’un design spécifique et de caractéristiques techniques innovantes : un visage interactif qui réagit en temps réel aux sollicitations grâce à de l’intelligence artificielle, deux bras et deux mains pour manipuler des objets, et un système de déplacement innovant. basé sur un globe roulant.
« Notre partenariat avec l’ICM représente une vraie avancée vers une nouvelle ère d’accompagnement humain en milieu médical », souligne Jérôme Monceaux, dont l’objectif est de produire 100 000 robots en dix ans.
« Les enfants ont été subjugués »
A l’ICM, le directeur général, le Pr Marc Ychou, souligne que les équipes croient « fermement au développement de la technologie comme outil au service de l’humain, dont Miroki doit devenir l’étendard ». L’arrivée du prototype de Miroki marque le début de la phase de développement de ce robot compagnon. Le Pr David Azria, oncologue et directeur du SIRIC Montpellier Cancer, témoigne de la première présentation de Miroki à de jeunes patients de l’ICM il y a quelques jours, lors du lancement du projet : « Les deux enfants qui étaient là ont été subjugués, ils oublient leur maladie l’espace de quelques minutes ».
Le projet, porté par le SIRIC Montpellier Cancer, avec la participation de l’Institut d’Electronique et des Systèmes (IES) et du Laboratoire d’Informatique, de Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM), sera évalué scientifiquement avec l’ objectif de déterminer, d’ici cinq ans, un nouveau standard de prise en charge des enfants en radiothérapie.
« Je veux étudier ce que la présence d’un robot modifie dans le comportement des patients et des personnels de santé, l’interaction des rayonnements sur le robot, et ensuite l’éduquer de manière à ce qu’en consultation, le robot aide « Expliquer et répéter les choses de façon pédagogique aux patients », explique le Pr David Azria. Je ne veux pas déshumaniser le parcours de soin mais démontrer que la combinaison « humain + robot » est supérieure à un humain tout seul. »
L’ICM et Enchanted Tools vont travailler durant toute l’année 2025 sur les prototypes, avec l’objectif de parvenir à une version aboutie du robot en 2026.
Un médiateur aux côtés du médecin et du patient
« Nous faisons des robots utiles et merveilleux, c’est ce qui a manqué dans la robotique de service jusqu’à présent, se félicite Samuel Benveniste. Miroki pourra être là dès la première consultation et jusqu’à la fin des soins, comme un médiateur aux côtés du médecin, des soignants, des enfants et des parents. Un enfant ne va pas poser les mêmes questions à un robot humanoïde qu’à un médecin en blouse blanche… Il pourra aussi être utile aux personnels soignants, par exemple pour rapporter le matériel médical à sa place. Ce sera une des conditions de travail. »
Evidemment, le projet de robot humanoïde à un coût. Il sera commercialisé au prix de « 30.000 euros et abonnement mensuel avec différents niveaux d’IA et de services après-vente », précise Samuel Benvenista. Pour l’achat du robot-prototype, l’ICM a bénéficié du soutien de l’association Plus fort la vie mais aussi de l’association de Laeticia Hallyday, La Bonne Etoile. Une campagne de collecte de fonds s’ouvre désormais pour couvrir les coûts des travaux de recherche et permettre la transformation du service actuel en créant un environnement interactif pour le robot.
Comment le laboratoire montpelliérain LIRMM démocratise la présence des robots
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